𝟭𝟳 𝗠𝗔𝗜 𝟮𝟬𝟮𝟬 : 𝗝𝗢𝗨𝗥𝗡𝗘𝗘 𝗠𝗢𝗡𝗗𝗜𝗔𝗟𝗘 𝗗𝗘 𝗟𝗨𝗧𝗧𝗘 𝗖𝗢𝗡𝗧𝗥𝗘 𝗟’𝗛𝗢𝗠𝗢𝗣𝗛𝗢𝗕𝗜𝗘 𝗘𝗧 𝗟𝗔 𝗧𝗥𝗔𝗡𝗦𝗣𝗛𝗢𝗕𝗜𝗘 (𝗜𝗗𝗔𝗛𝗢𝗧)
Communiqué CGT du mercredi 13 mai 2020
Le « monde d’après » inclusif, émancipateur et sans
discrimination commence aujourd’hui !
Comme chaque année, la CGT appelle à la mobilisation le 17 mai
pour l’égalité et contre les discriminations au travail et dans la vie en
société, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la
transphobie (IDAHOT). Ce dimanche 17 mai 2020 intervient dans le cadre de la
prolongation de « l’état d’urgence sanitaire » qui suspend nombre de nos droits
sociaux au travail, loin de répondre aux exigences de sécurité sanitaire des
salariés et en limitant toute expression du mouvement social dans l’espace
public ; les traditionnelles marches des fiertés LGBT+, qui se tiennent
habituellement de mai à juillet, sont annulées.
Le monde du travail est un des lieux d’expression des
discriminations et notamment des LGBTI-phobies de la part de la hiérarchie ou
des collègues : injures, harcèlements, mépris affiché, outings forcés,
inégalités de traitement ou d’avancement de carrière... La déconstruction
systématique du cadre des relations de travail, en France, amoindrit le niveau
de protection des salariés. Cela impacte la lutte pour l’égalité des LGBT+ au
travail.
La crise du Covid-19 aggrave la situation. Les employeurs
n’auront eu de cesse durant toute la période dite « de confinement » de
maintenir leurs salariés dans des situations de mise en danger sanitaire
professionnel. Le ministère du Travail organise lui-même la répression contre
ses propres agents de l’État : les inspecteurs du travail, accusés de faire du
zèle. Cela affaiblit également tout le dispositif public de lutte contre les
discriminations au travail. De plus, la mise en travail à distance et/ou
télétravail, décidée dans l’urgence le 16 mars pour nombre de salariés, n’a pas
diminué pour autant les occasions de harcèlement professionnel. Le confinement
et les nouvelles dispositions prises dans ce contexte pour le monde du travail,
notamment avec des visioconférences professionnelles se sont brusquement
introduits aux domiciles des salariés qui ont de facto dû « outer » ou révéler
aux collègues des éléments de leurs vies privées et familiales.
Dans la société en général, les jeunes LGBT+ contraints de se
confiner en urgence après le 16 mars, dans des milieux familiaux hostiles, se
sont retrouvés surexposés à des violences domestiques aggravées, sans
échappatoire, en raison des autorisations de sorties dérogatoires du domicile,
limitées dans l’espace et dans le temps. Le nombre des appels de détresse des
jeunes LGBTI aux associations a explosé ces dernières semaines. Alerté par les
associations de lutte contre les LGBTI-phobies, par des parlementaires et même
par l’ONU, sur ce problème de violences graves, le Gouvernement n’a toutefois
pas réagi. Pas même pour suivre les cas signalés de violences contre les jeunes
LGBTI, via les pharmacies de quartier, au même titre que le dispositif contre
les violences faites aux femmes.
Le Covid-19 et les mesures dites « d’état d’urgence sanitaire »
exposent particulièrement les personnes transgenres, non seulement à ces
violences domestiques en confinement contraint dans des milieux familiaux
hostiles mais, aussi, lors des contrôles de police accrus où elles sont «
outées » et « mégenrées ». L’accès aux traitements de transition est plus
compliqué que jamais. Les migrants LGBT+ apparaissent aussi comme
particulièrement touchés, en dépit des prolongements pour deux fois trois mois
des récépissés de séjour. L’enregistrement des demandes d’asile s’est retrouvé
fermé fin mars, laissant nombre d’exilés sans allocation spécifique et sans
solution d’hébergement ; les exilés LGBT+ se retrouvant d’autant plus
surexposés aux risques de violences.
Au-delà des divergences entre les acteurs sociaux sur la
question de la prostitution, l’urgence dicte aussi la mise à l’abri de toutes et
tous se retrouvant sans moyen de subsistance et la mobilisation a minima des
crédits budgétaires prévus dans la Loi, au titre de « la sortie de la
prostitution » qui restent, aujourd’hui, sous-utilisés par le gouvernement.
Par ailleurs, alors que l’agenda parlementaire est suspendu, des
craintes apparaissent qu’au nom de l’unité nationale, le projet de loi
bioéthique voté en première lecture et incluant l’ouverture de la Procréation
médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes ne soit purement enterré.
Pourtant, les questions de réforme de la filiation (notamment dans les familles
homoparentales) ne sont pas moins apparues comme prioritaires, lorsqu’il a
fallu décider, dans l’urgence, pendant le confinement lié au Covid-19, qui des
parents « sociaux » était « légitime » ou non pour garder les enfants.
De plus, faut-il que la pandémie du VIH, toujours active
aujourd’hui, soit encore associée dans l’inconscient collectif à une maladie «
honteuse » liée à la sexualité, comme impactant particulièrement des segments «
marginaux » de la population sans concerner toute la société, pour que le
président de la République ne se réfère dans ses discours qu’à la grippe
espagnole de 1919 comme précédent historique de pandémie et non à celle du
Sida, malgré toutes les victimes, ici même en France ?
La CGT s’oppose aux pratiques de traçages et de fichages
numériques des données personnelles, comme outils de lutte contre la pandémie.
Le gouvernement eut été mieux inspiré de se référer à l’un des enseignements de
la lutte menée contre la propagation du VIH ; l’importance d’une véritable
politique de santé publique de dépistage sérologique.
La CGT rappelle que l’engagement dans la lutte contre
LGBTI-phobies, notamment en milieu professionnel, est au cœur de ses combats pour
la défense des travailleuses et des travailleurs et pour la justice sociale. À
ce titre, les insultes LGBTI-phobes, tout comme les insultes sexistes ou
racistes, pour dénoncer des adversaires ou contradicteurs, y compris les
injures considérées comme « passées dans le langage courant » mais qui
véhiculent des stéréotypes LGBTI-phobes, ne sauraient être un outil dans
l’engagement syndical.
Le « monde d’après », inclusif, émancipateur et sans
discrimination, nous le voulons pour toutes et tous et maintenant !
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