L’art de l’euphémisme
Lors de ses ultimes vœux aux
syndicats et patronat, , le chef de l’État a tiré un « bilan
contrasté » du dialogue social durant son quinquennat, mettant en garde
ceux qui jugeraient ces « discussions inutiles », faisant ainsi
allusion au programme de François Fillon pour 2017.
Contrasté... en voilà un euphémisme
pour dépeindre un tel échec. « Je ne comprends pas que des voix puissent
réclamer de mettre un terme au dialogue social (...) parce qu’il y aurait la
nécessité de prendre par surprise l’opinion publique de crainte qu’elle ne se
réveille », a lancé le chef de l’État qui semble décidément avoir oublié
que son chef du gouvernement a fait usage du 49.3 à six reprises pour imposer
des textes néfastes contre la rue, contre une partie de sa propre majorité
muselant jusqu’au débat de la représentation nationale. « Le risque, c’est
le blocage, que face à la brutalité, il y ait une autre brutalité »,
a-t-il mis en garde, visant le candidat de la droite et sa volonté de gouverner
par ordonnances dans les premiers temps de son quinquennat s’il remportait la
présidentielle. Le 49.3 ce n’est évidemment pas brutal...quand il s’agit
d’imposer l’inversion de la hiérarchie des normes et la fin du principe de
faveur.
François Hollande a relevé dans son
discours que « 30 000 accords collectifs de branches ou d’entreprises sont
signés annuellement (...) Mais au niveau national, l’élan contractuel a perdu
de sa vigueur ». C’est en effet là encore un euphémisme si l’on considère
qu’en 2011 46 accords interprofessionnels (11 accords et 35 avenants) avaient
été signés contre 25 en 2010. L’année précédant l’élection de François Hollande
le ministère du travail avait enregistré 1195 accords de branche et 33 869
accords d’entreprises contre 33 826 en 2010).
Le chef de l’État qui avait promis
de faire du dialogue social, de la démocratie sociale des marqueurs de son
quinquennat peut-il parler de bilan contrasté alors que trois jours plus tard
se terminait le scrutin des élections syndicales des salariés des TPE marqué
par une participation dérisoire ? Il y a quatre ans, 10,38 % des salariés
avaient participé au scrutin. Cette fois l’abstention pourrait dépasser les
90 %. C’est aussi à cette aune-là qu’on doit juger le bilan du
quinquennat. Car tout a été fait pour que les salariés se désintéressent de ce
scrutin à commencer par la date d’ouverture des opérations un 30 décembre. Un
scrutin par correspondance, sans bureaux de vote pour des salariés qui vivent
sans proximité syndicale. Voilà tout ce que le gouvernement a été capable
d’offrir.
Et que dire de ce quinquennat marqué
par une criminalisation de l’activité syndicale ? Là encore le bilan est
tout sauf contrasté. Alors que l’on dispense de peine la patronne du FMI dans
l’affaire de l’arbitrage Tapie, les pouvoirs publics, le Parquet s’acharnent à
demander des peines de prison et de lourdes amendes contre les
syndicalistes
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