L’opposition de Christiane Taubira à la
prochaine loi sur la déchéance de nationalité suscite beaucoup de commentaires.
En effet elle doit avaler couleuvre sur couleuvre pour rester ministre.
Pour preuve, Taubira a signé, conjointement
avec Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, une tribune dans le journal
Le Monde, vantant la prochaine loi répressive « main dans la main
contre le terrorisme ». Tous deux préconisent l’irresponsabilité pénale
pour les policiers et gendarmes qui utiliseraient leur arme dans des situations
extrêmes, et l’élargissement des possibilités de fouilles et de perquisitions.
Cette loi se traduirait par un renforcement des pouvoirs de la police et des
procureurs, au détriment des juges d’instruction.
Autrement dit, l’actuelle ministre de la
Justice approuve une loi sécuritaire de plus. Par contre, sur la déchéance de
la nationalité, les dires de Christiane Taubira n’ont pas trop varié.
Elle s’y est opposée par exemple en juillet
2010, lorsque Sarkozy, alors au pouvoir, annonçait à Grenoble, dans un discours
sécuritaire et anti-immigrés, qu’il allait retirer la nationalité française aux
personnes d’origine étrangère qui seraient meurtriers de policiers ou de
dépositaires de l’autorité publique.
À l’époque, toute la gauche s’était
indignée de cette proposition. Un appel publié à l’initiative de Libération
et de SOS Racisme proclamait justement : « Sous le faux prétexte d’assurer
la sécurité des Français, le pouvoir tend en fait à imposer une idée aussi simple
que malhonnête : les problèmes de notre société seraient le fait des étrangers
et des Français d’origine étrangère. » Les signataires ajoutaient : «
Pour la première fois au plus haut niveau de l’État, il aura été publiquement
affirmé qu’il existe des «Français de souche» et des «Français de papiers»,
comme le clame le Front national depuis sa création et au risque de
crédibiliser ce dernier. »
Outre Christiane Taubira, cet appel fut
signé par plusieurs dizaines de personnalités, parmi lesquelles François
Hollande et Manuel Valls.
Quelques jours plus tard, ce dernier
enfonçait encore un peu plus la proposition de Sarkozy, qualifiant ce débat
autour de la déchéance de nationalité de caricatural, soulignant que les lois
existantes suffisaient et ajoutant : « On rentre dans un débat nauséabond et
absurde. »
Aujourd’hui, le président de la République
et le Premier ministre disent le contraire de ce qu’ils proclamaient, la main
sur le cœur, en 2010. De belles paroles dans l’opposition, des lois pourries
une fois au pouvoir. Tout un symbole
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