Des milliers de manifestants à Paris, plus de 80 rassemblements en France : partout, les militants et citoyens ont exprimé, jeudi, leur indignation face à la condamnation des Goodyear et clamé haut et fort que l’engagement n’est pas un crime.
Capuches relevées, chasubles rouges CGT tachetées d’autocollants de combat, des milliers de militants et citoyens ont convergé, jeudi, sous la pluie, place de la Nation à Paris, pour défendre les huit ex-salariés de Goodyear condamnés à 24 mois de prison, dont 9 ferme, pour avoir retenu des cadres de leur entreprise pendant 30 heures. « Nous sommes d’abord là pour les Goodyear mais aussi pour défendre les libertés syndicales attaquées de toutes parts. » Christophe Couvreur est lui aussi dans le combat. Depuis l’annonce en début de semaine de la fermeture du laminoir Vallourec de Saint-Saulve (Nord) et de 300 licenciements, qui se rajoutent au PSE déjà annoncé, ce représentant syndical CGT multiplie les actions : « On dénonce l’achat d’un laminoir en Chine avec l’argent public de la BPI (Banque publique d’investissement – NDLR) et la fermeture des sites en France. Et l’ambiance générale qui se durcit, les décisions stratégiques qui sont prises en dehors des salariés et de leurs représentants. » Michèle, enseignante de 62 ans arborant un badge de la Ligue des droits de l’homme, lui lance : « Il vaut mieux gueuler des slogans qu’écouter de la musique ! », alors que l’ampli d’un camion l’empêche de se faire entendre. « Je suis une simple citoyenne et je trouve la sanction des Goodyear totalement disproportionnée : on entre dans une ère de répression. Les syndicats sont des contre-pouvoirs, il ne faut pas les détruire. » Derrière un carton bricolé par une retraitée, dénonçant la culpabilité des financiers, Fanny Gaillanne, conseillère de Paris PCF-Front de gauche, s’émeut de cette peine « lunaire » : « Les Goodyear préservaient leurs emplois : ce sont les patrons qui délocalisent qu’on devrait traîner en justice. »

À Paris, la foule se rassemble autour des salariés condamnés

La foule se fait plus dense quand la musique s’arrête et que les huit condamnés de Goodyear montent sur la scène, érigée pour l’occasion. Mais avant qu’ils ne s’expriment, plusieurs responsables dénoncent la criminalisation de l’action syndicale, tout en égrenant un chapelet d’injustices : Jawad Mahjoubi, secrétaire général CGT de la mairie de Longwy (Meurthe-et-Moselle), évoque la lutte des agents depuis plus d’un an contre la nouvelle organisation du travail ; Frédéric Villemin, de Start People, sa convocation à un entretien préalable pour avoir soutenu ses camarades de La Poste en grève ; Laura Pfeiffer, l’inspectrice du travail de Tefal condamnée pour « avoir osé saisir les syndicats de son ministère » ; les 35 salariés d’ID logistics licenciés « pour avoir dit non » ; les Air France… Acclamé, Mickaël Wamen, l’un des 8 condamnés de Goodyear, entouré de ses enfants, prend enfin la parole, rappelant les sept ans de lutte, les sept plans sociaux rejetés, les heures de garde à vue, pour finir par cette « première condamnation de syndicalistes à de la prison ferme depuis la Ve République ». Pour lui, l’action d’aujourd’hui doit lancer l’union, la convergence des luttes, « tout le monde au même endroit, le même jour, pour la même cause », et pourquoi pas dès le 27 mai, lorsque les salariés d’Air France seront convoqués au tribunal.

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