Sans-papiersLes intérimaires sans-papiers des
Yvelines, qui ont occupé, tout l’été, des agences d’intérim en demandant la
délivrance des documents nécessaires à leur régularisation, ont obtenu gain de
cause. Ils ont évacué les agences yvelinoises, mais comptent profiter de cette
victoire pour porter leur lutte au niveau national.
Adecco à Montigny-le-Bretonneux,
Randstad à Poissy et Manpower aux Mureaux. Ces agences d’intérim ont été
occupées toutes les trois, cet été, par des travailleurs sans-papiers qui
réclamaient la délivrance, par leurs employeurs, des documents nécessaires à
leur régularisation. Suite aux engagements pris par les centrales d’intérim la
semaine dernière, les occupants ont levé le camp.
Celles-ci se sont engagées à
délivrer à leurs employés les promesses d’embauches ainsi que les certificats
de concordance qui leur sont demandés pour leur demande de régularisation. En
effet, ces travailleurs précaires se retrouvent bien souvent dans un cercle
vicieux. Les employeurs sont désormais contraints de vérifier, auprès de la
préfecture, la régularité des titres de séjour des personnes qu’ils emploient.
De son côté, la préfecture réclame, au demandeur d’un titre de séjour, la
preuve d’un emploi.
Pour pallier à cette situation
ubuesque, de nombreux travailleurs sans-papiers utilisent la carte de séjour
d’un autre pour se faire embaucher. Déclarés alors sous un faux nom, ils ne
peuvent pas faire valoir leur emploi pour obtenir le précieux sésame. Le
certificat de concordance permet de faire le lien entre le travailleur et son
nom d’emprunt.
Des papiers
au bout de la lutte
C’est donc pour rompre ce mécanisme
infernal que près de 500 personnes ont participé à l’occupation des locaux
d’Adecco, de Randstad et de Manpower, et se sont rapprochées de la CGT. Cette
mobilisation ne s’est pas arrêtée là. Distribution de tracts dans toute
l’Île-de-France, mobilisation massive lors de la manifestation du 25 juin
dernier, manifestation devant le siège du Prisme, le syndicat patronal de
l’intérim, autant d’outils qui ont permis à ces travailleurs de faire valoir
leurs droits.
« Il y a eu vraiment plusieurs
semaines de blocage total » face à un patronat refusant de discuter tant
que les agences étaient occupées, se souvient Sonia Porot, secrétaire générale
de l’UD CGT des Yvelines, mais au final, « les autorités administratives ont bien vu que ça ne
s’arrêterait pas et que les gens étaient prêts à tenir. »
Mais aujourd’hui, Sonia Porot
s’interroge encore sur les raisons qui ont poussé ces trois enseignes à cesser
de délivrer ces documents. « Il y a un arrière-fond idéologique, de dire “on
ne veut pas que le secteur de l’intérim soit vu comme une filière de
régularisation” », confie-t-elle, en expliquant que la question fait
d’ailleurs débat au sein même du Prisme. À côté d’Adecco, Randstad et Manpower
– les leaders du secteur –, CRIT, le numéro 4, fait office de bon élève sur la
question. « On a travaillé avec eux, et ça s’est très bien passé »,
précise Sonia Porot, avant de conclure, « il n’y a pas d’unanimité dans leur
syndicat patronal. »
Si le conflit semble s’orienter vers
un règlement dans les Yvelines, des situations similaires existent toujours
dans d’autres départements. L’absence de critères objectifs nationaux guidant
les préfectures dans les procédures de régularisation alimente les abus. Au
final, ce sont les travailleurs sans-papiers précaires dans leur travail, mais
aussi dans leur vie quotidienne, qui en paient le prix.
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